éditoriaux

Tout Maran

Tout Maran

Fabula avait fêté cet anniversaire voici quatre ans : René Maran a été le premier écrivain noir à obtenir le prix Goncourt en 1921. Ses œuvres étaient alors en cours d'édition aux presses du CNRS. Le cycle africain est désormais au complet, qui réunit les six ouvrages de fiction publiés par René Maran entre 1921 et 1953, dans une édition critique à orientation génétique, fondée sur des manuscrits issus de diverses archives, à Paris, Bordeaux, Dakar et Philadelphie. Fabula vous invite à lire un extrait du volume… Mais c'est aux éditions marseillaises du Typhon qu'on lira le roman le plus intime de René Maran : Un homme pareil aux autres, préfacé par Mohamed Mbougar Sarr qui éclaire cet angle mort que constitue le racisme introjecté. Un podcast édité par France Télévisions collectif vient donner la parole à cinq écrivains et intellectuels d'aujourd'hui qui nourrissent un dialogue avec son œuvre — Dany Laferrière, Françoise Vergès, Corinne Mencé-Caster, Xavier Luce et Nitza Cavalier. Rappelons aussi la parution de l'essai signé par Buata B. Malela, René Maran. Entre poétique du sujet et discours colonial (Hermann), dont Fabula donne à lire la Préface signée par Christophe Premat, ainsi que l'Introduction : "Être écrivain français à l'ère coloniale"… Et plus haut dans le temps, la livraison de la revue Interculturel Francophonies : "René Maran: une conscience intranquille".

Les étages de la vie

Les étages de la vie

Une femme dans la Révolution

Une femme dans la Révolution

Dans Olympe de Gouges. Une femme dans la Révolution (Flammarion), Florence Lotterie et Élise Pavy-Guilbert font le récit des grandes heures de cette combattante enthousiaste des lettres, de l’amour et de la liberté, qui mena une vie volontaire, jusqu’à braver les pires dangers dans les orages de la Révolution. Fabula vous propose de feuilleter le livre… Paraît dans le même temps chez le même éditeur une nouvelle édition de la célèbre Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. Le 8 mars prochain sera diffusé sur France 2 le film Olympe, une femme dans la Révolution, réalisé par Julie Gayet et Mathieu Busson. Rappelons encore la publication des Mémoires de Mme de Valmont (10/18), ainsi que la récente édition en ligne supervisée par Olivier Ritz du Prince philosophe, déjà saluée par Fabula, qui nous transporte dans un orient imaginé pour y poser des questions qui sont alors d’une actualité brûlante. Un roi peut-il être un bon roi ? Les femmes peuvent-elles être les égales des hommes ? Comment combattre les charlatans et les fanatiques ? Comment faire société ? Olympe de Gouges est aussi au sommaire des actes du colloque Théâtre et scandales accueilli parmi les Colloques en ligne de Fabula, avec un article de Tomasz Wyslobocki : "Olympe de Gouges à la Comédie-Française : un naufrage dramatique".

Remède au désenchantement

Remède au désenchantement

Manœuvre, ouvrier agricole, apiculteur, terrassier, ajusteur, correcteur d’imprimerie, Georges Navel (1904-1993) est connu pour être l’auteur de Travaux, l'un des grands classiques de la littérature ouvrière paru en 1945. Peu savent qu’il poursuivit sa quête autobiographique et humaniste dans d’autres ouvrages tout aussi remarquables.
Comme Passages, son ultime livre, paru en 1982, que réédite Roméo Bondon pour les éditions de L'Échappée. Navel y raconte sa jeunesse : petit dernier d’une fratrie de treize enfants, il a à peine dix ans quand éclate la Première Guerre mondiale. Obligé de quitter sa chère campagne lorraine, la Croix-Rouge l’expédie en Algérie où il découvre avec stupeur les affres du colonialisme. Il retrouve ensuite sa famille à Lyon, y exerce ses premiers petits boulots, et s’immerge dans le bouillonnement anarcho-syndicaliste de la ville, ferment de sa future insoumission et de son engagement en 1936 dans la révolution espagnole. Paraît dans le même temps dans la collection L'Imaginaire (Gallimard), Parcours, un récit d'enfance antérieur d'une trentaine d'années, préfacé par Sylvain Prudhomme et Mattia Filice, qui narre la guerre de 1914, ses apprentissages, ses vaines tentatives pour adhérer de toute son âme à un parti politique qui satisfasse ses aspirations, son non conformisme, notamment en matière de service militaire, sa participation à la guerre civile espagnole, sa mobilisation en 1939, son installation dernière comme fermier dans le Midi — autant de tableaux d'une sobriété, d'une pudeur et d'une franchise exceptionnelles. Fabula vous invite à en lire un extrait… Paraît dans le même temps dans la collection Le Sentiment géographique de Près des abeilles, un recueil de pages à la poésie merveilleuse, extraites de Chacun son royaume, sur les séjours que fit Navel à la fin des années 1920 dans l’arrière-pays provençal, hébergé dans une maison abandonnée entre vignes et forêt : les "Travaux et les Jours d’un Hésiode syndicaliste", selon les mots de Jean Giono.

Le travail de l'acteur

Le travail de l'acteur

Les jeux de l'amour et de l'identité

Les jeux de l'amour et de l'identité

On le connaît surtout pour les Mémoires de d'Artagnan dont Alexandre Dumas a fait l'usage que l'on sait. Courtilz de Sandras (1644-1712) est toutefois l'auteur de bien d'autres mémoires apocryphes qui ont favorisé l'émergence du roman à la première personne, au tournant des XVIIe et XVIIIe s. Nicolas Fréry vient de donner une édition des Mémoires de M. de B***, Secrétaire de M. L. C. D. R. (Champion), qui associe selon la formule dont Courtilz est l’inventeur, le plaisir du romanesque – attaque de carrosse, enrôlement par des corsaires, récit d’une jeune Grecque qui se venge dans le sang de son amant – et l’examen sans complaisance d’une période politiquement troublée, marquée par la figure toute-puissante de Richelieu. Dans une société où l’on est ce que l’on naît, Courtilz donne la parole à un narrateur anonyme qu’un drame originaire, dont se souviendra Marivaux au seuil de La Vie de Marianne, condamne à ignorer son ascendance en dépit de son sentiment d’élection aristocratique. L’infructueuse quête d’identité de B*** aboutit, à mesure qu’il devient le serviteur dévoué de Richelieu, à une dissolution de l’individualité dans le fracas de l’histoire… Fabula donne à lire l'introduction de cette édition établie avec la complicité d'Érik Leborgne et préfacée par Emmanuelle Sempère.

Nicolas Fréry saute d'un genre à l'autre, en signant aussi une nouvelle édition de La Surprise de l'amour suivie de La Seconde Surprise de l'amour (GF-Flammarion), deux pièces emblématiques de son esthétique théâtrale où "deux personnes qui, s’aimant et ne s’en doutant pas, laissent échapper par tous leurs discours ce sentiment ignoré d’eux seuls, mais très visible pour l’indifférent qui les observe", selon le mot de d’Alembert. Entre conflit temporaire entre les sexes (dans la pièce de 1722) et hantise provisoire de la perte (dans celle de 1727), ces comédies sœurs montrent des individus surpris par un penchant qui triomphe de leurs résistances. C’est avec un sens aigu de l’analyse des coeurs et une modernité qui ne cesse d’être reconnue que Marivaux explore les ruses de la mauvaise foi, les pièges du langage et le cheminement de l’opacité à soi vers la réconciliation avec la vie.

Une seule lettre vous manque…

Une seule lettre vous manque…
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